Chorégraphie : Susan Buirge
Musique : Jonathan Harvey d’après le "Stabat Mater" de Palestrina.
Interprétation préenregistrée : les jeunes solistes, direction Rachid Safir
Commande du Ministère de la culture et de la Communication pour la
Fondation Royaumont et les jeunes
solistes.
Danseurs : Michel Barthôme, Sylvie Berthomé,Thierry Lafont, Young-ho Nam.
Une production de la Fondation Royaumont en coproduction avec
L’apostrophe-Scène nationale de Cergy-Pontoise et du Val d’Oise, le
GRAME-Centre national de création musicale de Lyon, la Maison de la
Culture d’Amiens, le CIRM-Centre national de création musicale de Nice.
Avec l’aide de l’ambassade de France en Inde et du British Council de New-Delhi.
Remerciements au Toboggan-scène conventionnée de Décines et de Système Castafiore.
Avec le soutien à la diffusion d’ARCADI (Action régionale pour la création artistique et la diffusion en Ile-de-France).
Le point de départ pour Jonathan Harvey, en lien avec Rachid Safir,
directeur de l’ensemble les jeunes solistes, était de revisiter le
Stabat Mater de Palestrina par un traitement informatique permettant
d’en travailler la matière, de modifier son architecture, et de
recréer, quel que soit le lieu de diffusion de la pièce, une acoustique
réverbérante basée sur un dispositif de spatialisation. Avec la
complicité de Gilbert Nouno, assistant musical, Jonathan Harvey a ainsi
puisé dans cette œuvre du XVIe siècle de 8 minutes pour aboutir à une
pièce multidimensionnelle d’environ 15 minutes, enregistrée par les
jeunes solistes pour sa diffusion en spectacle ; les 8 premières
minutes de celui-ci étant composées de silence et de sons sporadiques.
Cette idée de partir d’une source ancienne pour composer une œuvre
nouvelle, vocale de surcroît, a séduit Susan Buirge. La chorégraphe est
en effet fascinée par ce qui est enfoui, enterré ; les tertres de
l’Amérique du Nord, du Japon et dernièrement ceux de la Chine et de la
Corée. La pièce est pour quatre danseurs avec lesquels elle travaille
en confiance depuis de nombreuses années.
"Jonathan Harvey a composé un arrangement du Stabat mater dolorosa de
Palestrina pour les jeunes solistes et pour Susan Buirge. C’est à la
fois une pièce de concert et une œuvre destinée à la danse. La figure
toujours actuelle d’une mère se lamentant sur la mort de son fils, tué
pour des raisons politiques, l’avait profondément touché. La musique de
Palestrina, écrite pour un double chœur chantant de manière
antiphonique, lui est apparue comme la sublimation de la douleur. Son
adaptation élargit considérablement cette spatialisation en faisant
intervenir six sources de diffusion. Il a également rendu la texture
polychorale plus dense par les traitements électroniques, le même
matériau donnant lieu à différentes transpositions et vitesses de
lecture, jusqu’à atteindre parfois un point de saturation. L’image
visée est celle d’invisibles présences consolatrices qui chantent en
grand nombre de toutes parts ce qui, dans l’iconographie
traditionnelle, correspond aux cohortes d’anges tout autour de la mère
affligée. Le parti pris de Susan Buirge a été de laisser la musique
développer ses propres lignes de force en en proposant d’autres, de
nature visuelle, dans la dynamique de la danse. La chorégraphe ne
souhaitait pas adhérer au contenu religieux, mais se rapprocher plutôt
d’une essence cachée, du trésor secret qui lui paraît émaner du propos
musical."
Jean-Yves Bosseur, Compositeur, directeur de recherche au CNRS
Texte paru dans le numéro 10 des Nouvelles de Royaumont, mai-décembre 2006
(Photos : gilles Abegg)
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