« La symphonie Monoton Silence du Peintre
Yves KLEIN est datée de 1947-1961, dans la mesure où il y a plusieurs
versions de durée différente.
La partition accompagnait les performances picturales publiques
de Klein dans lesquelles il se servait de modèles vivants pour composer
ses empreintes avec son fameux IKB (International Klein Blue). La
partition est à la fois assez simple à réaliser sur le plan technique
et en même temps difficile sur le plan musical si l'on veut obtenir du
seul son que comporte cette symphonie une égalité, une tension, une
justesse absolue, inséparables de l'effet qu'elle doit produire.
En fait ce qui intéressait Klein c'était le silence qu'il voulait
saisissant après la symphonie. Il rejoint dans un certain sens les
préoccupations de compositeurs comme John Cage ou La Monte Young.
Je propose une version de 20 minutes, 15 minutes de symphonie et 5
minutes de silence avec les musiciens et le chef en position de
jeu ».
Philippe Arrii Blachette
« (…) la musique, à une certaine époque de mon oeuvre, s'est
vue intégrée à mon travail comme élément à part entière. Si je me
souviens bien, c'est vers la fin de l'année 1949 que l'idée a
commencé à germer! J'étais chez Robert Sauvage, et là, j'ai
ébauché mes premiers monochromes. Je m'étais enfermé dans la
salle de bains pour reparaître quelques minutes plus tard avec
des carrés de cartons maculés d'un seul et même ton. Là, je me
suis dit que si l'on pouvait peindre avec une seule et même
couleur, alors pourquoi ne pouvait-on pas pas composer avec une
seule et même note? Une symphonie sans réel commencement ni réelle fin.
Une symphonie monochromatique ou monoton si vous préférez! Une
symphonie n'ayant pour durée que le temps que l'on veuille lui
accorder!
Le projet a réellement connu sa réalisation lors de la toute
première manifestation des anthropométries. Là, cette symphonie
monoton a pu exister au sens propre du terme et donner à
«entendre» vingt minutes d'un son continu suivi de vingt minutes
de silence et d'immobilité totale. Pour l'occasion, j'ai fait
appel au compositeur Louis Saguer afin qu'il conduise ce projet.
Louis Saguer a demandé au musicien Alain Bancquart de rassembler
une dizaine de musiciens, des instrumentistes à cordes. Je me souviens
que Louis avait concocté plusieurs projets, allant du plus simple
au plus compliqué. Il me les a fait entendre et j'ai opté pour
l'accord le plus simple. Un truc comme Do mi sol ou Sol si ré, je
ne sais plus trop! J'imagine aisément que mon choix a dû amuser
les musiciens composant l'orchestre! Amuser dans le sens où
l'accord que j'avais choisi était celui de quelqu'un qui n'était
pas familiarisé avec la musique. En fait, il faut surtout retenir
que cette symphonie monoton n'est pas vraiment de la musique au sens
propre du terme, mais plutôt une composition destinée à créer une
atmosphère tendue et égale afin d'accompagner un travail.
L'accord joué a la qualité d'une résonance au son grave et
profond, comme issu des entrailles de la terre. Aucune
gesticulation ne vient troubler sa force intérieure. Cet accord
est la continuité fondamentale de la vie: son apparition et sa
disparition dans la permanence de l'être. Une allégorie de la vie
éternelle prend place! La présence unique et absolue de l'homme
au monde se poursuit dans l'absence après la mort. Une absorption du
silence!!!!! Vêtements impalpable de mes pinceaux-vivants ayant
évolué sur scène ce soir là! ».
Yves Klein
CIRM, Centre National de Création Musicale
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