Deux violoncelles tissent chacun leur ligne. Comme deux caractères joueurs et pressés ils se chevauchent, se précèdent, se suivent et se rattrapent, s’imitent, échappent parfois l’un à l’autre, s’épient, se mesurent, se disputent, se réconcilient.
Deux violoncelles tissent ensemble une surface mobile. Tantôt ils s’essaient à chanter, tantôt à gémir, à frémir, à réfléchir. L’un n’est pas le reflet de l’autre, mais l’un comme l’autre peut entendre comment, en sons, parfois son partenaire l’envisage, ou le transforme.
Voici l’un d’eux plongé dans une fontaine magique, sorcière numérique qui le fige et transforme ses reflets. Comme toute fée, elle l’isole de son espace/temps commun, en fait surgir d’étranges traces colorées, souvenirs fragiles, indistincts et vaporeux. Son compagnon chante la disparition de l’ami. Peut-il du bout des doigts le ramener à la vie, ou va-t-il à son tour subir le même sort ?
Deux violoncelles tracent une seule ligne dans la matière du frottement de l’archet, peut-être épaisse, peut-être claire, peut être frêle, mais apaisée.
Michel Pascal
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