Faisant retour dans mes récentes compositions à l'orchestre, alors que je ne l'avais plus abordé depuis une dizaine d'années, je me suis rendu compte que, presque instinctivement, mon approche s'en était trouvée changée. Ainsi, au lieu de le considérer comme un superbe générateur de sons, un champ infini d'expériences multiples, un corps éclaté ou dispersé en mille fractions, individualisé souvent à l'extrême ou alors transformé en énergie ou transparences pures - toutes choses utiles, belles, nécessaires, indispensables même - je me suis surpris dans une attitude qui consistait, si je puis dire, à plutôt le « symphoniser ». Sans vouloir ne rien perdre d'essentiel des expériences acquises, il m'a paru très naturel d'y valoriser le « son d'orchestre » tel qu'il s'est formé de par son existence « symphonique », c'est-à-dire par le fait de sonner ensemble non seulement à partir d'individualités réunies, mais surtout de par le fonctionnement des familles d'instruments.
Sonoris causa suit modestement ce même chemin, le prolonge un peu peut-être. Le tempo en est, généralement, assez lent, ce qui n'exclut ni le mouvement ni la mobilité. Il s'agirait là, dirais-je, d'une sorte de concentrée, colorée, où les surfaces servent de fond aux dessins ou figures variés et où ces mêmes figures brèves engendrent d'autres surfaces. Le caractère réflexif de cette page n'empêche toutefois pas l'apparition de quelques éclats, voire de solennités, mais on ne s'y attarde pas.
Le titre, bien qu'il veuille d'abord répondre à la préoccupation essentielle de l'œuvre, n'en est pas moins, aussi, la marque de ma petite contribution au cinquantenaire de l'« invention du son » que fête le GRM - ce lieu de mes « universités » - et dont la vocation et toute l'histoire n'ont jamais cessé d'être l'honneur de La causa sonoris.
Ivo Malec
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