CIRM : Centre National de Création Musicale UCA
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POUR QUE LES êTRES NE SOIENT PAS CONSIDéRéS COMME DES MARCHANDISES

Pour que les êtres ne soient pas considérés comme des marchandises de Philippe LEROUX

Année de composition : 2004
Durée : 14.00 minutes

Formation :

Pour grand orchestre, 12 voix solistes et dispositif électronique

Editeur

Editions Gérard Billaudot

Contexte CIRM

  • Co-commandée par le CIRM (avec le soutien de l'Etat) et l'Orchestre Philharmonique de Nice
  • Produite dans les studios du CIRM : Philippe Leroux en résidence du 13 au 16 avril et du 1er au 14 juillet 2004 avec Frédéric Voisin, assistant musical.
  • Prise de son / Enregistrement voix au GMEM, le 7 juillet 2004 (Frédéric Voisin, assistant musical)
  • Programmée en CREATION MONDIALE dans le cadre du Festival MANCA 2004 "Les Grands Travaux", vendredi 5 novembre 2004, Opéra de Nice, par l'Orchestre Philharmonique de Nice, direction Lorraine Vaillancourt, l'Ensemble Musicatreize et Andrea Menafra, guitare électrique. Frédéric Voisin, assistant musical, technique CIRM, Nicolas Déflache, ingénieur du son.

Notice :

Production et commande du CIRM, avec le soutien de l'Etat (2004)

Écrite en 2003/2004, cette œuvre pour orchestre, ensemble vocal et dispositif électronique est une commande du CIRM et de l’Orchestre Philharmonique de Nice. Elle est composée de trois mouvements et est construite à partir d’un texte inspiré de fragments de discours politiques (XIXème) et de chants de guérison amérindiens, particulièrement Navaho, Sioux, Utes, Blackfeet, Chippewas et Nez-Percés. Le premier mouvement s’élabore à partir de figures rythmo-mélodiques combinées comme des formules (procédé employé dans beaucoup de musiques traditionnelles comme le chant grégorien par exemple). Le texte y montre à quel point les Indiens ont une relation forte à la terre et à aux éléments naturels, et combien pour eux, le désir de l’homme blanc d’acheter cette terre avec de l’argent semble inintelligent et dangereux. L’idée maîtresse de leur discours est qu’on ne peut acheter la vie. À la fin de ce mouvement, ils cherchent dans les montagnes leurs enfants qui ont fui sans couvertures et sans nourriture : « Sont-ils parmi les morts ? ».
Le deuxième mouvement, comme une colère qui monte, part de cette mort probable et d’un environnement sonore désertique, pour au sommet d’un climax, libérer la parole comprimée par la violence du commerce des êtres et des éléments. Ce qui n’était que matière venteuse, évoquant l’absence au début de ce mouvement, devient à la fin comme un souffle de vie. Dans ce mouvement, est privilégiée l’idée d’un geste unique, dont seule demeurerait, après coup, l’empreinte gestuelle. Un peu comme ces peintres asiatiques qui passent des heures à méditer devant leur tableau, puis tracent d’un coup un seul geste, dont la fulgurance se trouve pleine de toute la méditation précédente.
Le troisième mouvement mêle les formules du premier aux matières du deuxième. Il est comme un grand commentaire de la notion de beauté : beauté vue comme issue de la guérison, mais aussi comme but de conquête intérieure. Sur un plan strictement musical, l’élément principal de la pièce, qui génère à la fois les formules rythmiques et la forme globale de l’œuvre, est une figure d’hémiole : insertion d’un rythme ternaire dans une structure rythmique binaire.
Le dispositif électronique en temps réel porte exclusivement sur les voix. Analyse temps réel, filtres, synthèse granulaire, harmonizers, délays et réverbérations sont les principales opérations effectuées.
Cette œuvre est dédiée à Yann Martin
Philippe Leroux mai 2004

I
Vent
Regarde le vent
Chacun est debout

Elle sera toujours là
Aussi longtemps que le soleil brillera / Notre terre vaut mieux que de l’argent
Et aussi longtemps que l’eau coulera / Notre terre vaut mieux que de l’argent

Notre terre sera
Pour donner la vie

Il est impossible de vendre la vie des hommes et des animaux. Ce qui fait que nous ne pouvons pas vendre cette terre. Elle a été placée ici par le Grand Esprit. Et il est impossible de la vendre, parce qu’elle ne nous appartient pas. Vous pouvez compter votre argent et le brûler à l’intérieur du crâne d’un bison, car seul l’Esprit peut compter les grains de sable et les brins d’herbes qui sont dans ces plaines.

Ce qui fait que nous ne pouvons pas vendre cette terre
Elle ne nous appartient pas
Vous pouvez compter votre argent et le brûler

Terre
Vie

La terre et moi
Le pays est fait sans ligne de démarcation et ce n’est pas le rôle de l’homme de le diviser

Sommes du même esprit Sommes du même esprit
Les blancs s’enrichissent à travers le pays et veulent nous donner des terres sans valeur

On ne peut vendre la vie des hommes et des animaux ni la terre placés ici par l’Esprit
La mesure de la terre est la même que nos corps

Les enfants de mon peuple ont fui dans les collines sans couvertures, sans nourriture, personne ne sait où ils sont
Sont-ils parmi les morts ?

II

Chut !
Il fait froid
Il fait froid
Dites-nous si vous osez, que le créateur vous a envoyé pour nous parler. Croyez-vous vraiment que le créateur vous a fait venir pour disposer de nous comme vous le voulez ? Si je savais qu’il vous a envoyé, je penserais que vous avez le droit de disposer de moi.

Je
Marche dans
Le ciel
J’accompagne
L’oi-seau

Mon cheval fuit et vole
Je porte sur mon dos la terre bleu et brune
Je fais que je vole
Je fais que mon cheval vole
J’ai fait que je vole
J’ai fait cela

III

On l’entend
On l’entend
On l’entend
Je me lève
On l’entend

Je me lève
Joyeusement
D’abondants nuages sombres je désire
Joyeusement
D’abondantes averses je désire
Joyeusement
Une abondante végétation je désire
Joyeusement
Un abondant pollen je désire

Il m’entend presque

Ô mon père suprême, l’arbre n’a jamais fleuri. Peut-être qu’une racine de l’arbre sacré vit encore. Nourris-là, afin que l’arbre fleurisse et s’emplisse du chant des oiseaux.

Que la joie soit devant moi
Que la joie soit derrière moi
Que la joie soit au-dessous de moi
Que la joie soit au-dessus de moi

Que cela soit
Que cela soit
Que cela soit joyeux devant moi
Joyeux derrière moi
Que la joie soit
Que cela soit joyeux derrière moi
Joyeux devant moi
Que la joie soit au-dessous de moi
Au-dessus de moi
Que cela soit joyeux
Que la joie soit au-dessous de moi
Au-dessous de moi
Que la joie soit devant moi
Accompli dans la beauté
Que cela soit joyeux devant moi
Derrière moi
Au-dessus de moi
Au-dessous
Devant
Au-dessous de moi
Derrière moi
Accompli dans la beauté
Dans la beauté
Accompli dans la beauté
Dans la beauté

Avec la beauté derrière moi j’avance
Avec la beauté au-dessus de moi j’avance

On l’entend
On l’entend
On l’entend
Je me lève
On l’entend

Avec la beauté au-dessous de moi j’avance
Avec la beauté tout autour de moi je marche
Avec la beauté j’avance
La beauté je marche avec tout autour de moi
Avec la beauté au-dessous de moi je marche
Avec la beauté tout autour de moi j’avance
Tout autour de moi je marche avec la beauté
Au-dessous de moi je marche avec la beauté
Tout autour de moi j’avance
Moi j’avance avec la beauté tout autour

La beauté
Soit devant
Tout autour
De moi

Accompli dans la beauté
Oui



Pour en savoir plus

Site GMEM : http://www.gmem.org/


CIRM, Centre National de Création Musicale
33 avenue Jean Médecin, 06000 Nice
04 93 88 74 68 - Fax 04 93 16 07 66
Email : info@cirm-manca.org

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