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Actualité du Samedi 18 Novembre 2006 à 20h30

CONCERT MANCA 2006 - Soirée canadienne

Samedi 18 novembre 2006
Théâtre Francis Gag

 

NOUVEL ENSEMBLE MODERNE DE MONTREAL
Lorraine VAILLANCOURT , direction

Jonathan HARVEY  Lotuses (1992) 14’
Pour flûte, violon, violoncelle et alto

Claude VIVIER  Paramirabo (1978) 12’
Pour flûte, violon, violoncelle et piano

Edmund J. CAMPION  Domus Aurea (1999-2000) 12’
Pour vibraphone et piano

Entracte (*)

Gérard GRISEY Vortex temporum (1994-1996) 40’
Pour flûte, clarinette, trio à cordes et piano

Entracte (*)

Inouk DEMERS  Lo que vendrá (2000) 15’
Pour flûte, clarinette, percussion, piano et quatuor à cordes

Franco DONATONI Arpège (1986) 11’
Pour flûte, clarinette, violon, violoncelle, vibraphone et piano

Fin de la soirée : 23h00


(*) Intermèdes cinématographiques composés de films d’animation canadiens de Norman McLaren et Pierre Hébert.
En partenariat avec la Mission Cinéma de l’Espace Magnan.

 



Soirée canadienne pour clore cette vingt-septième édition du festival. Le Nouvel Ensemble Moderne de Montréal est incontestablement le meilleur ensemble canadien actuel. On se souviendra de la présence à Nice de Lorraine Vaillancourt, sa directrice musicale, à la tête de l’Orchestre de Nice lors du festival 2004.
Aux côtés des oeuvres de compositeurs québécois (Demers, Vivier), une composition phare de la musique de chambre de la fin du XXème, « Vortex temporum » de Gérard Grisey, Donatoni, Campion et Harvey et compléteront cette esquisse de panorama international de la musique d’aujourd’hui vu de Montréal.


« Deux programmes de films d’animation réalisés dans les locaux de l’ONF (Office Nationale du Film du Canada) par deux cinéastes -modestes et géniaux- accompagneront cette programmation musicale. Voir un jour ces films fabriqués en laboratoire pour vivre une expérience de la musicalité du cinéma. »
La Mission cinéma


NEM
Nouvel Ensemble Moderne de Montréal
Fondé en 1989 par la pianiste et chef d’orchestre Lorraine Vaillancourt, le Nouvel Ensemble Moderne (NEM) est un orchestre de chambre de 15 musiciens qui propose une interprétation convaincante des musiques d'aujourd’hui, en leur accordant le temps et l'attention qu'elles méritent. Son répertoire, nourri aux classiques du XXe siècle, reflète la variété des esthétiques actuelles, s’ouvre à la musique de tous les continents et consacre une place importante à la création. Ses concerts, ses répétitions ouvertes au public et ses rencontres avec les créateurs sont des moments privilégiés d’échange et de réflexion. Ensemble en résidence à la Faculté de musique de l’Université de Montréal, il a joué au Canada, aux États-Unis, au Mexique, en Europe, au Japon, en Australie et à Singapour. Au printemps 2006, le Forum du NEM se déroulait pour la seconde fois à l’extérieur de Montréal à l’invitation du Muziekgebouw aan’t IJ d’Amsterdam.
Le NEM compte à son actif 22 disques compacts, sous étiquettes ATMA et UMMUS (Montréal), Doberman-Yppan (Québec), New World Records, Composers Recording Inc (New York), Auvidis-Montaigne (Paris) et ABC Classics (Australie). Ils ont été réalisés en collaboration avec la Faculté de musique de l’Université de Montréal, l’Ircam, Les Percussions de Strasbourg, le Festival Musica 93, les sociétés Radio-Canada, Radio France et la Australian Broadcasting Corporation.


Lorraine Vaillancourt (Saguenay – Canada, 1947)
Chef d’orchestre
Lorraine Vaillancourt est fondatrice et directrice artistique du Nouvel Ensemble Moderne (NEM), « en résidence » à la Faculté de musique de l’Université de Montréal depuis novembre 1989. Elle enseigne par ailleurs dans cette institution depuis 1971, et y assume la direction de l’Atelier de musique contemporaine depuis 1974.
La chef d’orchestre et pianiste est régulièrement invitée à diriger divers ensembles et orchestres tant au Canada qu’à l‘étranger. Au seul pupitre du NEM, qu’elle dirige depuis ses débuts, Lorraine Vaillancourt a assuré la création d’un grand nombre d’œuvres au Canada et dans le cadre de tournées internationales. Invitée par l’Orchestre national de la RAI dans le cadre de la série Nuova Musica 2006 à Turin, elle a aussi dirigé, en mai dernier, l’Orchestre symphonique de Québec pour la troisième édition du Concours de concertos canadiens. En janvier et février 2007, Lorraine Vaillancourt dirigera « Wozzeck » de Berg (orchestration de John Rea et mise en scène de Jean-François Sivadier) à l’Opéra de Lille et au Théâtre de Caen.
Lorraine Vaillancourt est Membre fondateur de la société de concerts montréalaise « Les Événements du Neuf » (1978 à 1989). Présidente du Conseil québécois de la musique (CQM) de 1998 à 2001, elle a ensuite siégé au Conseil d’administration du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ). Par ailleurs, Lorraine Vaillancourt est Membre de la Société Royale du Canada.


Musiciens
Alain Giguère*, violon
Brian Bacon*, alto
Catherine Perron, violoncelle
Guy Pelletier*, flûte
Simon Aldrich, clarinette
Jacques Drouin*, piano, célesta
Julien Grégoire*, percussion

* membres fondateurs

Musicien invité
Lyonel Schmit, violon

Alain Giguère
Violon
Il débute ses études musicales avec Jean Cousineau à l'école des Petits violons. Par la suite il devient l'élève de Vladimir Landsman et obtient un diplôme de l'Université de Montréal. Alain Giguère est un membre permanent de l'Orchestre Métropolitain du Grand Montréal, de l'Orchestre symphonique de Longueuil et de l'Orchestre symphonique de Laval. Il s’est aussi produit comme soliste avec le NEM, notamment dans l’œuvre « d’(Aller) » de Philippe Leroux qu’il a interprétée au Domaine Forget, à Montréal et à Amsterdam. Il fut également invité à interpréter l’œuvre au Festival Montpellier avec l’Orchestre symphonique de Radio-France, sous la direction de Pierre-André Valade. Il est membre fondateur du NEM.

Brian Bacon
Alto
Brian Bacon est l’alto solo de l'Orchestre Métropolitain du Grand Montréal. Il a également été soliste du NEM en Europe, en Asie et en Amérique du Nord. Très actif comme chambriste et musicien de studio, il a joué avec l'Orchestre symphonique de Montréal et l'Orchestre du Centre national des arts. Il est membre fondateur du NEM.

Catherine Perron
Violoncelle
Diplômée de l’Université McGill dans la classe d’Antonio Lysy, Catherien Perron s’est vue décerner un Artist Diploma avec grande distinction en 1999. Grâce à une bourse du Conseil des arts et des lettres du Québec elle a poursuivi sa formation à l’International Menuhin Music Academy, en Suisse, auprès de Radu Aldulescu. Elle a également eu l’occasion de se perfectionner avec Walter Grimmer à la Musikhochschule Winthertur-Zürich et auprès de violoncellistes de grande renommée dont Janos Starker, Aldo Parisot, Paul Katz et Roland Pidoux lors de festivals internationaux. Catherine Perron se produit régulièrement au sein de différentes formations dont Les Violons du Roy. À titre de chambriste, on a pu l’entendre à plusieurs reprises sur les ondes de Radio-Canada. Elle a été invitée à participer aux concerts de saison de la Société de musique de chambre de Québec et fut également membre de la Camerata Lysy Gstaad, ensemble avec lequel elle a joué dans plusieurs pays d’Europe et d’Amérique, notamment comme soliste. Elle est membre du NEM depuis 2003.
Guy Pelletier
Flûte

Guy Pelletier a obtenu une maîtrise de l’Université de Montréal, puis s’est perfectionné avec le flûtiste Robert Langevin. Ses expériences sont multiples et diversifiées; soliste, chambriste et improvisateur, il passe de la musique contemporaine à la musique classique, du jazz et de l’improvisation aux musiques traditionnelles du monde.
Il a enregistré plus d’une trentaine de disques dans des styles musicaux variés et présenté plus d’une cinquantaine de concerts et récitals pour différentes radios en Europe et en Amérique du Nord (France, Allemagne, États-Unis, Canada). Enfin, il a participé à des dizaines de créations comme soliste et a œuvré au sein de nombreux ensembles.
Il fait actuellement partie du groupe de musique marocaine de Said Mesnaoui et du tandem Traces (duo d’improvisation flûte et percussion). En tant que professeur, il est considéré comme spécialiste de la musique contemporaine. Il enseigne au Cégep de Trois-Rivières depuis 1997 et à l’Université Concordia depuis 2000. Il est membre fondateur du NEM.

Simon Aldrich
Clarinette
Mis en nomination pour un Prix Opus comme «Découverte de l’année», Simon Aldrich est actuellement clarinette solo de l’Orchestre Métropolitain du Grand Montréal. Cet «interprète spectaculaire» (Los Angeles Times) est également membre du Nouvel Ensemble Moderne. Il a occupé le poste de clarinette solo du Chicago Classical Symphony et du Philharmonic de Colorado. En tant que soliste, Simon Aldrich s’est produit avec l’Orchestre symphonique de Toronto, l’Orchestre Métropolitain du Grand Montréal, Orchestra London, le Nouvel Ensemble Moderne, le Chicago Classical Symphony, le Wall Street Chamber Orchestra, l’Orchestre Fanshawe et le Chicago North Shore Chamber Symphony. Titulaire d’un doctorat et de deux maîtrises de l’université Yale, il a étudié avec David Shifrin, Robert Marcellus, Joaquin Valdepeñas et Emilio Iacurto. Avec le Nouvel Ensemble Moderne, Simon Aldrich a joué à travers le Canada, aux États-Unis, au Japon, en Angleterre, en France, en Belgique, en Australie, en Allemagne, au Mexique et en Italie. Il est entendu régulièrement sur les ondes de Radio-Canada et de CBC et il a réalisé des enregistrements sous étiquettes ATMA, SNE, Analekta, CBC, UMMUS, Montaigne Auvidis, Amberola et Sächsische Tonträger. Il enseigne à l'Université de Sherbrooke et à l'université McGill. Il a aussi publié deux articles sur le compositeur Johann Molter dans les revues américaines Continuo et The Clarinet.

Jacques Drouin
Piano

Membre fondateur du Nouvel Ensemble Moderne (NEM), Jacques Drouin évolue dans le répertoire des musiques d’aujourd’hui et des classiques du XXe siècle en tant que soliste et musicien d’ensemble. Diplômé de la Faculté de musique de l’Université de Montréal avec l’obtention d’un doctorat auprès de Lorraine Vaillancourt, il s’est distingué par la recherche, la création et l’interprétation de la musique mixte.
Ses expériences oscillent entre l’enseignement (jusqu’en 2000), les nombreux concerts donnés ici comme à l’étranger au sein du NEM, les collaborations multidisciplinaires (danse et théâtre), son implication politique dans le milieu musical, sa participation comme adjoint à la direction artistique du NEM et à la quête d’un lieu dédié aux musiques d’aujourd’hui.

Julien Grégoire
Percussion
Après avoir complété un baccalauréat et une maîtrise à l'Université de Montréal, Julien Grégoire est actuellement professeur de percussion au Cégep Marie-Victorin de Montréal, au Cégep Lionel-Groulx de Ste-Thérèse ainsi qu’à l’Université de Montréal. Sa renommée a fait de lui une véritable référence en matière de percussion contemporaine. Il a débuté avec Les Événements du Neuf dans les années 1980 et à la Société de musique contemporaine du Québec avec qui il joue encore régulièrement. Il a enregistré une trentaine de disques, à la fois en formation de musique de chambre et aussi comme soliste et participé à autant de tournées avec de nombreux ensembles. Avec le flûtiste Guy Pelletier, au sein du duo Traces (flûte et percussion), il se produit régulièrement en concert et sur disque.
Il a travaillé avec plusieurs orchestres dont l'Orchestre Métropolitain du Grand Montréal, ceux de Laval, de Trois-Rivières et de la Montérégie ainsi qu’avec l’orchestre des Grands Ballets Canadiens. Il s’est aussi produit avec de nombreux ensembles dont I Musici et le Studio de musique ancienne de Montréal et des organismes de concert tels l’ACREQ, Codes d’accès et Chants Libres. Parmi ses autres champs d’exploration et d’action, mentionnons la musique de théâtre, de danse ainsi que l’improvisation musicale. Il est membre fondateur du NEM.

Jonathan Harvey (Warwickshire – Angleterre, 1939)  
Compositeur
Jonathan Harvey entame sa formation comme choriste au collège Saint Michaël de Tenbury (1948 et 1952), puis à Repton (1952-1957), avant de poursuivre ses études à la faculté Saint-John de Cambridge et à l’université de Glasgow. Il suit également des cours privés auprès d’Erwin Stein et de Hans Keller, ce qui lui permet de découvrir la musique d’Arnold Schoenberg et de la seconde école de Vienne. Si, au cours des années soixante et soixante-dix, Harvey subit de nombreuses influences, sa rencontre avec Milton Babbitt en 1979, alors chargé de cours à l’université de Princeton, aura une influence majeure sur son développement musical, surtout en ce qui a trait aux possibilités des techniques électroacoustiques. Invité par l’Ircam au début des années quatre-vingts, il y a livré plusieurs commandes, dont la plus célèbre demeure « Bhakti » pour ensemble instrumental et bande. Le catalogue de Harvey comprend également des œuvres pour grand orchestre et pour ensemble de musique de chambre; son expérience de choriste l’amène à écrire de nombreuses œuvres chorales, dont « Passion and Resurrection » (1981) ou « Mothers Shall Not Cry » (2000) de même que de nombreuses œuvres pour solistes ainsi qu’un opéra, « Inquest of Love », résultat d’une commande du English National Opera. Dans la foulée d’une conférence donnée à Berkeley en 1995 sur l’exploration de la nature spirituelle de la musique, on peut affirmer que l’ensemble de l’œuvre de Harvey, outre une évidente unité dans sa compréhension de la dualité et de l’ambiguïté inhérentes à la musique, exprime sa quête d’une dimension spirituelle dans laquelle énergie et inertie interagissent constamment. Jonathan Harvey jouit d’une réputation internationale et reçoit des commandes de nombreuses sociétés partout dans le monde. Il a enseigné pendant dix-huit ans à l’université Sussex où il est maintenant professeur honoraire. Depuis 2005, il poursuit une résidence de trois ans au BBC Scottish Symphony Orchestra et travaille actuellement à réaliser une pièce pour orchestre et électronique live pour cet ensemble ainsi qu’à un opéra pour le Nederlands Opera.

Lotuses (1992)
Pour flûte, violon, alto et violoncelle
Lotuses est une œuvre commandée par le Nash Ensemble de Londres, soutenu dans cette entreprise par l’appui financier du géant de l’informatique IBM. Terminée en 1992, l’œuvre sera présentée en grande première en septembre de la même année lors d’un concert au Purcell Room de Londres. L’œuvre s’inscrit dans une période de pause vis-à-vis de la musique électroacoustique, alors que le compositeur venait tout juste de terminer son opéra « Inquest of Love » qui incluait des sons électroniques produits à l’aide de synthétiseurs. Ainsi, les œuvres composées durant l’année 1992 (« Chant », « Scena », « You », « Lotuses ») ont en commun leur brièveté (« Lotuses » étant la plus expansive), leur instrumentation (petits ensembles de chambre et œuvres pour instrument solo) et leur caractère introspectif. En ce sens, l’introspection dans « Lotuses » est en lien direct avec la quête de la béatitude et les conceptions spirituelles de Harvey relativement au bouddhisme. En effet, dans le bouddhisme, la fleur de lotus symbolise, selon le nombre de pétales et la couleur qu’elle prend, un attribut privilégié des bouddhas et une qualité essentielle pour l’atteinte du nirvana.

Harvey notait d’ailleurs à ce sujet que le lotus représente le « monde de la forme dans toute son individualité et au travers duquel brille la lumière de la réalité ». L’analogie avec la forme musicale saute immédiatement aux yeux, mais le but réel de l’exercice est de démontrer que les objets, pris individuellement, procurent plus de connaissance de soi à l’esprit que les concepts intellectuels abstraits.
La flexibilité musicale et la franchise des convictions spirituelles que l’on retrouve dans « Lotuses » démontrent que Harvey est capable de transporter ses croyances au cœur même de sa pratique artistique sans pour autant que l’auditeur soit obligé de partager ses convictions pour apprécier pleinement le raffinement de son art.


Claude Vivier (Montréal, 1948 – Paris, 1983)
Compositeur
Claude Vivier étudie la composition avec Gilles Tremblay au Conservatoire de Montréal (1967-1970). Dès 1969,"Prolifération » le fait remarquer. De 1971 à 1974, il reçoit plusieurs bourses du Conseil des Arts du Canada pour étudier la composition et l'électroacoustique avec Gottfried Michael Koenig à l'Institut de Sonologie d'Utrecht, la composition avec Karlheinz Stockhausen et l'électroacoustique avec Hans Ulrich Humpert à Cologne. Ce premier séjour en Europe donne naissance notamment à « Musik für das Ende » (1971) et à « Désintégration » (1972) qui dénotent un métier plus solide au plan de l’écriture et qui témoignent d’un riche tempérament tout en affichant une préoccupation avec des thèmes qui deviendront ses favoris comme la mort, l’enfance, l’amour et l’immortalité. Ses deux années d'études auprès de Stockhausen affirmeront sa personnalité musicale. Il se montre particulièrement attiré par la voix, les textes qu’il utilise reflètent ses préoccupations spirituelles ou psychologiques et, de plus en plus, son écriture se détache des courants de la musique contemporaine pour devenir plus personnelle et dépouillée. «Chants » (1973) pour sept voix de femmes, est le premier témoin de cette évolution. D'un esprit ouvert et curieux, Claude Vivier s'intéressa toujours aux musiques d'ailleurs; il est notamment fasciné par la musique orientale et par la musique balinaise en particulier. En 1977, il effectue un long séjour en Asie qui marquera toute sa production future ; le souvenir qu’il conservera entre autres de Bali deviendra pour lui ineffaçable. À son retour, Vivier écrit davantage pour de grandes formations. Il entreprend notamment la composition de son opéra « Kopernikus » dont il écrit lui-même le livret. De cette époque datent des œuvres telles « Lonely Child » pour soprano et orchestre de chambre, « Zipangu » pour orchestre de chambre et « Wo bist du Licht », une commande de Radio-Canada. En 1982, il retourne à Paris grâce à une bourse du Conseil des Arts du Canada pour entreprendre la composition d’un deuxième opéra. De ce projet, il est resté « Trois airs pour un opéra imaginaire », œuvre qui fut présentée à Paris – deux semaines après sa mort en mars 1983 – au Centre Georges-Pompidou par l’ensemble l’Itinéraire. Claude Vivier laissait une autre œuvre inachevée, « Crois-tu en l’immortalité de l’âme? », dont la création eut lieu à Montréal au printemps de 1990.


Paramirabo (1978)
Pour flûte, violon, violoncelle et piano
Paramirabo a été composé en 1978, à la demande du flûtiste André-Gilles Duchemin, pour l’ensemble Mozaïk. Cette œuvre appartient à une série de compositions inspirées par des lieux exotiques tels Shiraz, Samarkand ou encore Pulau Dewata.
Une anecdote se rattache à cette œuvre : le titre que Claude Vivier avait en tête était «Paramaribo», la capitale du Surinam. S’étant aperçu plus tard de l’erreur d’épellation, Vivier préféra ne pas la corriger. Selon une autre interprétation, Paramirabo, serait la juxtaposition de «Paris» et de «Mirabeau», d’après le pont de Paris du même nom.


Edmund J. Campion (Dallas – Texas, 1957)
Compositeur
Edmund J. Campion obtient un doctorat en composition de l’Université de Columbia à New York avant de travailler avec Gérard Grisey au Conservatoire national de Paris. En 1994, il est admis au cursus de composition de l’Ircam qui lui commande « Natural Selection », pour électronique interactive et piano midi. Parmi ses projets récents on compte une commande de Radio France, « l’Autre », en collaboration avec le poète John Campion puis le ballet « Playback », commande de l’Ircam et de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) et enfin « Me » pour baryton et électronique, commande du Festival Manca en association avec le CIRM, centre national de création musicale. Il est aussi professeur associé à l’Université de Berkeley en Californie, où il travaille également comme compositeur en résidence au Centre for New Music and Audio Technologies (CNMAT). Edmund Campion a reçu de nombreux prix et distinctions : le prix de Rome, le prix de Nadia Boulanger, le Paul Fromm Award à Tanglewood, le Charles Ives Award remis par l'Académie américaine des arts et des lettres, et une bourse Fulbright pour étudier en France. En 2002, il a reçu une commande de la Fondation Fromm pour composer une nouvelle œuvre pour l’ensemble San Francisco Contemporary Music Players. Plus récemment, les Percussions de Strasbourg ont commandé « Ondoyants et Divers », œuvre qui fut créée à Cologne en 2005.


Domus Aurea (1999 – 2000)
Pour vibraphone et piano
Domus Aurea ou la Maison d’or était le nom de l’immense villa luxueuse de l’Empereur Néron, construite au centre de Rome après le grand feu de 64 après J.C. Peu après la mort de Néron, cette construction somptueuse mais méprisée fut enterrée sous des décombres. Elle y reposait depuis quinze cents ans quand des excavateurs ont découvert les fresques parfaitement conservées qui décoraient ses murs et ses plafonds. Ces fresques présentaient des fantaisies ornementales élaborées avec des bizarreries anatomiques, de petits animaux, des têtes humaines et des végétaux à l’aspect indéfini qui se fondaient dans un motif décoratif unique. Le style a été nommé « grotesche » (se référant aux caves souterraines), mot qui a évolué pour devenir le terme « grotesque ». Dans son ouvrage « On the Grotesque », Geoffrey Harpham explique : « le Grotesque est le moment central d’un processus qui se dirige vers l’émergence d’une compréhension : une étape purgatoire de l’intelligibilité pendant laquelle l’objet apparaît comme un mélange de déformations d’autres formes. » (Traduction de l’anglais). « Domus Aurea » pour vibraphone et piano s’inspire d’une méditation sur la signification plus vaste du mot « grotesque », et du processus de création retrouvé dans les fresques originales. Pour moi, le grotesque est un état particulier, très ordonné, capable de fusionner des aspects de l’esprit conscient et de l’inconscient. Comme Harpham, je suis d’accord avec Nabokov qui dit dans « Speak, Memory » : « J’étais toujours prêt à sacrifier la pureté de la forme pour les exigences du contenu fantastique, provoquant le gonflement et l’éclatement de la forme comme un sac de voyage contenant un petit diable furieux. » (Traduction de l’anglais)
Edmund Campion

 
Gérard Grisey (Belfort, 1946 - Paris, 1998)
Compositeur
Gérard Grisey est l’un des pionniers et l’un des meilleurs représentants de l’école spectrale française, aux côtés de compositeurs tels Michaël Levinas, Tristan Murail ou Marc-André Dalbavie. Ce mouvement né en réaction à certains excès d’austérité et d’intellectualisme dans la musique d’avant-garde cherche à concilier la rigueur de l’écriture et le culte du raffinement harmonique en s’appuyant sur une analyse acoustique du spectre sonore.
Gérard Grisey mène successivement ses études au Conservatoire de Trossingen en Allemagne (1963-1965), au Conservatoire national supérieur de musique de Paris (1965-1972) où il suit notamment les cours de composition d'Olivier Messiaen. Parallèlement, il étudie avec Henri Dutilleux à l'École normale supérieure de musique (1968) et assiste aux séminaires de Karlheinz Stockhausen, György Ligeti et Iannis Xenakis à Darmstadt (1972).
Il s'initie à l'électroacoustique avec Jean-Étienne Marie et à l'acoustique avec Emile Leipp à la Faculté des sciences de Paris. Il est boursier de la Villa Médicis à Rome de 1972 à 1974, stagiaire à l'IRCAM en 1980 puis invité par la DAAD à Berlin.
Pédagogue très apprécié, Gérard Grisey enseigne à l'université de Californie de Berkeley (1982-1986) et dès 1986 jusqu’à sa mort, au Conservatoire national supérieur de musique de Paris. Il donne de nombreux séminaires de composition notamment à Darmstadt, Freiburg, à l'IRCAM, à la Scuola Civica de Milan et dans plusieurs universités américaines.
Son catalogue d’œuvres développe des pages marquées par une recherche constante au plan de l’harmonie spectrale, de la synthèse instrumentale ou encore de la relativité du temps. Parmi ses œuvres importantes, citons : « Les Espaces acoustiques, cycle de six pièces » (1974-1977), « Talea » (1986), « L’icône paradoxale » (1994), « Vortex Temporum » (1994-1996) et « Quatre chants pour franchir le seuil » (1998), sa dernière composition.


Vortex temporum (1994 – 1996)
Pour piano, flûte, clarinette et trio à cordes
« Vortex Temporum » (« Tourbillon du temps ») définit la naissance d’une formule d’arpèges tournoyants et répétés et sa métamorphose dans différents champs temporels. Il existe trois spectres : harmonique, inharmonique «étiré» et inharmonique «comprimé» ainsi que trois temps différents : ordinaire, plus ou moins dilaté et plus ou moins contracté. C’est selon ces grandes lignes de conduite que le « Vortex Temporum » va évoluer.
Les trois sections du premier mouvement, dédié à Gérard Zinsstag, déroulent un temps que je qualifierais de jubilatoire, temps de l'articulation, du rythme et de la respiration humaine. Outre la formule tourbillonnaire initiale directement issue de « Daphnis et Chloé », le « Vortex » m'a suggéré une écriture harmonique centrée sur les quatre notes de la septième diminuée, accord rotatif par excellence.
Le deuxième mouvement, dédié à Salvatore Sciarrino, reprend un matériau identique dans un temps dilaté. J'ai cherché à créer dans la lenteur une sensation de mouvement sphérique et vertigineux.
Dans le troisième mouvement, dédié à Helmut Lachenmann, la continuité s'impose peu à peu et avec elle, le temps dilaté devenu une sorte de projection à grande échelle des événements du premier mouvement. La métrique déjà malmenée au cours du premier mouvement est ici souvent noyée dans le vertige de la durée pure.
Entre les différents mouvements de « Vortex Temporum » sont prévus de courts interludes. Les quelques souffles, bruitages et ombres sonores qu'on y entend sont destinés à colorer discrètement le silence malhabile et quelquefois même la gêne involontaire des musiciens et des auditeurs qui reprennent leur souffle entre deux mouvements.
« Vortex Temporum » n'est peut-être que l'histoire d'un arpège dans l'espace et dans le temps, en-deçà et au-delà de notre fenêtre auditive et que ma mémoire a laissé tourbillonner au gré des mois dévolus à l'écriture de cette pièce. (G.G.)


Inouk Demers
compositeur
Le compositeur et guitariste canadien Inouk Demers réside actuellement à Los Angeles. Ses œuvres sont jouées dans plusieurs pays (Allemagne, Pays-Bas, Nouvelle-Zélande, Écosse, Pays de Galles, Angleterre, Belgique, Suisse, France, Mexique, Canada, États-Unis) et diffusées à la radio au Canada et en Europe. Elles ont été présentées dans des festivals tels Ars Musica, le Festival Cervantino, June in Buffalo, les Rencontres de musique nouvelle du Domaine Forget, Darmstadt, Voix Nouvelles, Schloss Solitude et enregistrées sous étiquettes Ummus/Amberola et Atma Classique.
Détenteur d’un doctorat de l’université Princeton, il a étudié la composition notamment auprès de John Rea, Brian Cherney, Louis Andriessen, Paul Lansky, Roger Reynolds et suivi des cours de maître avec Brian Ferneyhough, Jonathan Harvey, Helmut Lachenmann, Richard Barrett, Steve Takasugi et Chaya Czernowin. Il est aussi récipiendaire de nombreux prix dont le prix Serge Garant en musique de chambre, le prix Ernest Macmillan de la fondation SOCAN en musique orchestrale et le prix Robert-Fleming 1998 du Conseil des Arts du Canada. En septembre 2000, il participe au programme d’échanges Voix Nouvelles impliquant la Fondation Royaumont, le Nouvel Ensemble Moderne, le Domaine Forget, le conservatoire de Sarcelles et l’ensemble Instant Donné.
Au cours de la saison 2002-2003, Charles Dutoit programme son œuvre « Chaque note » à l’Orchestre Symphonique de Montréal. L’année suivante, l'enregistrement de « Lo que vendrá » par le Nouvel Ensemble Moderne, sous étiquette Atma Classique, reçoit le prix Opus du meilleur enregistrement de l'année dans la catégorie musique contemporaine. Plus récemment, l’Orchestre Symphonique de San Diego lui commande « Universal Field » qui fut créée en 2005 de même que « Contemporary Canadian Art », une commande de Toca Voca. Il collabore actuellement avec la pianiste Heather O'Donnell et la cinéaste Anna Geyer dans le cadre d'un spectacle multimédia qui sera présenté lors du festival Ultraschall à Berlin, en janvier 2007.
Les œuvres d’Inouk Demers ont été jouées par le Nouvel Ensemble Moderne, l’Ensemble Contemporain de Montréal, l’Ensemble Continuum, l’Instant Donné (France), l’Ensemble Cygnus (États-Unis), le Duo Gaspé, Aiyun Huang, Mark Menzies (Nouvelle-Zélande), Marc Couroux, l’Ensemble SurPlus, 175 East, Toca Loca, Julie-Anne Derome, Louise Marcotte, Jürgen Ruck, Peter Veale, et les orchestres symphoniques de Princeton, de San Diego et de Montréal. En tant que guitariste, il participe régulièrement à l’interprétation de nouvelles œuvres.

Lo que vendrá (2000)
Pour flûte, clarinette, percussion, piano et quatuor à cordes
Commande résidence Fondation Royaumont/Ville de Sarcelles - Domaine Forget/Nouvel Ensemble Moderne
Trois ans passés à fréquenter de manière obsessive les milongas - lieux de rencontre où l'on danse le tango argentin - à New York, San Diego, Montréal, Paris; un an d'entraînement pour une compétition internationale (annulée) de tango; deux ans d'enseignement du tango, sans rémunération; un partenariat amèrement rompu avec une future co-enseignante de tango - voilà ce qui me fit constater un jour qu'il me fallait, d'une manière que j'appellerais thérapeutique, témoigner en musique de ce monde du tango qui, dans ma vie autant que par sa propre nature, semblait répéter à jamais un geste inachevé, tendu vers une chose inatteignable. Loin de moi cependant l'idée de succomber à la nostalgie; ne vous attendez pas à entendre un tango! Le regard se porte plutôt sur la manière selon laquelle les vestiges de mes expériences m'ont poussé vers une approche foncièrement nouvelle (ceci dit, merci à Piazzolla pour l'emprunt de son titre). Et quelle occasion d'écrire cette œuvre pour deux ensembles situés dans deux grandes villes du tango argentin, Montréal et Paris.
Inouk Demers


Franco Donatoni   (Vérone, 1927 - Milan, 2000)
compositeur
Franco Donatoni est né à Vérone en 1927. Il commence l’apprentissage du violon à l’âge de sept ans et se consacre entièrement à la musique dès la fin de ses études secondaires. Il étudie tout d'abord avec Ettore Desderi et Lino Liviabelle avant de se perfectionner auprès d'Ildebrando Pizzetti à l'académie Santa Cecilia de Rome. En 1951, il suit les cours d'été de Darmstadt.
À partir de 1953, Donatoni enseigne dans différents conservatoires italiens, puis à partir de 1970 à l'académie Chigiana de Sienne, et enfin, à partir de 1971, au département des Arts, musique et spectacle (DAMS) de l'université de Bologne. Il donne aussi des cours au DAAD de Berlin et à l'académie Santa Cecilia de Rome. En plus des nombreux prix qui jalonnent sa carrière (prix de Liège en 1951, de Radio Luxembourg en 1951 et en 1953, de la Société internationale pour la musique contemporaine en 1961, le Prix Marzotto en 1966, le Prix Koussevitzky en 1968 et le Prix Psacaropoulo en 1979), Franco Donatoni a été joué sur des scènes et par des ensembles ou interprètes prestigieux.
Ses premières expériences de composition trahissent les influences de Bartók, Hindemith et Stravinsky. À la suite de sa rencontre avec Bruno Maderna en 1953, qui a des répercussions certaines sur sa carrière musicale, il se familiarise avec le courant avant-gardiste de Darmstadt. Au cours des années 1960-1961, Donatoni concentre ses recherches sur le matériau et compose des pièces de musique de chambre comme « For Grilly » pour 7 instruments (1960) et des symphonies comme « Sezioni » » pour orchestre (1961) ou « Puppenspiel I »(1961).
Les années suivantes sont caractérisées par une tendance au négativisme, comme en témoignent les procédés utilisés dans « Quartetto IV » (Zrcadlo) (1963), « Asar » pour 10 instruments (1964) et « Black and White » pour 37 instruments (1964), oeuvres dans lesquelles l'expérience de décomposition aboutit à une désacralisation totale de la créativité.
Cette réflexion sur les virtualités latentes de la substance musicale et sur ses capacités à subir certaines modifications prend corps avec « Babai » pour clavecin (1964) et « Divertimento II » pour cordes (1965), et aboutit à la définition de principes «modificateurs» (« Souvenir » pour 15 instruments, 1967), soit accidentelle (« Orts » pour 14 instruments, 1969) ou obtenue par technique sérielle (« Etwas ruhiger im Ausdruck » pour 5 instruments, 1967). « Gli estratti » (1969-1975), « Solo » pour 10 cordes (1975) et « Duo pour Bruno » pour orchestre (1974-1975) sont exemplaires de ces divers procédés de manipulation.
Les œuvres suivantes dénotent à la fois un retour progressif à la musique vocale (« L'ultima sera » pour voix et 5 instruments, 1980, « De près » pour soprano et instruments, 1981, « In cauda » pour choeurs et orchestre, « Atem », oeuvre théâtrale, 1985) et une nouvelle tendance gestuelle, que l'on trouve surtout dans les oeuvres de musique de chambre (« Spiri » pour 10 instruments, 1977, « The Heart's Eye » pour quatuor à cordes, 1981, « Arpège » pour 6 instruments, 1986), ainsi qu'une influence du jazz (« Hot, Blow », 1989).
Dans les années 1990, plusieurs organismes d’importance ont organisé des séries de concerts et des séminaires autour de sa musique, notamment le festival Settembre Musica de Turin, l’Ensemble Elision et l’Institut culturel italien de Melbourne, Milano Musica 1992 ainsi que le Nouvel Ensemble Moderne qui lui a consacré sa seconde biennale en 1994. De nombreuses œuvres dignes de mention datent de cette décennie : « Sweet Basil » (1993) pour trombone et Big Band, commande du Ministère français de la Culture, « Portal » (1995) pour clarinette, clarinette piccolo, clarinette basse et orchestre, commande de Radio-France, « In Cauda II » (1996), commande de la Süddeutscher Rundfunk Stuttgart et « In Cauda III » (1996). En septembre 1998, son petit opéra comique « Alfred Alfred » est présenté au Festival Musica de Strasbourg et en 1999, on a pu entendre « Fire (In Cauda IV) » pour quatre voix de femmes et orchestre et, commande du Festival de Salzbourg, « Poll » pour 13 interprètes. Franco Donatoni est mort à Milan le 17 août 2000.
Source : IRCAM et Ricordi

Arpège (1986)
Pour flûte, clarinette, violon, violoncelle, vibraphone et piano
Dans cette oeuvre un motif en «arpèges» prend tout d’abord forme au vibraphone, pour être repris et transformé au piano. Cette oeuvre, que Donatoni qualifie de «commentaire en devenir...», crée à l’audition un dédale de possibilités qui peuvent paraître infinies. Toutes générées par ce simple objet qu’est l’arpège, elles permettent des variantes évolutives. Donnant l’oeuvre en exemple le compositeur dira «ainsi un objet ne se développe pas, mais seulement change, tout en restant le même». Fragments qui restent gravés dans la mémoire, les bribes passagères d’ « Arpège » s’évanouissent pour renaître... et créer des «protagonistes».

L’œuvre est une commande de Philippe Albera et de l’ensemble Contrechamps à qui elle est dédiée. Elle fut créée à Paris en mars 1987.


Programme imprimé le 3 novembre 2006

 

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