CIRM

Édito 2018 de François Paris

Prima la Musica

Prima la musica, dopo le parole“. La musique serait-elle dévolue à servir le texte ou les mots seraient-ils en charge de colorer la musique ? Ce vieux débat initié de longue date sera remis sur scène par Richard Strauss avec son opéra Capriccio (1941). Cette question de la prédominance d’un art sur un autre, ou d’une discipline sur une autre, mérite d’être posée à l’aune de notre époque.

Aujourd’hui, diverses injonctions sont trop souvent posées comme des suggestions de principe déconnectées de toute réalité de terrain. Elles nous invitent, par exemple, à réserver dans nos programmes, la parité, mais également une bonne place à la pluridisciplinarité sans oublier de nous pencher sur les rapports Arts-Sciences.

Disons-le d’emblée, au Festival MANCA, ces conseils du moment nous agréent parfaitement car les thématiques conseillées sont au cœur de la politique menée au CIRM depuis 18 ans. En revanche, il convient de traiter ces questions sur le fond avec sérieux et compétence et de dépasser cette tendance récente qui consiste à ériger des Totems puis à faire remplir des cases destinées à alimenter un algorithme de quantification thématique des politiques artistiques.

- Je suis pour la parité mais je ne programmerai jamais en fonction du sexe, de l’appartenance ethnique ou du milieu social d’origine. Par contre, je suis très sensible depuis très longtemps à cette question et je suis résolument engagé à faire en sorte de travailler à l’intégration et à la représentation de tous.

- Je suis pour la réalisation de spectacles pluridisciplinaires à condition de ne jamais oublier ce qu’écrivait Kandinsky à Schoenberg au siècle dernier : “en mathématiques 1+1 = 2, en art pas forcément“.

- - Je suis pour travailler de manière prospective sur les rapports Arts-Sciences, nous sommes même en première ligne sur le sujet dans le cadre de ce magnifique projet que constitue l’Université Côte d’Azur dont nous sommes membres et qui apporte pour la première fois cette année son soutien financier à notre manifestation. Mais il nous faut le faire avec humilité et responsabilité. L’un des exercices proposé au Bauhaus dans les années 20 consistait à demander aux étudiants de représenter dans un cadre un cylindre et un bâton. L’exercice était réussi si l’on pouvait percevoir l’influence du bâton sur le cylindre et inversement l’action du cylindre sur le bâton. C’est ainsi, et avec une ambition similaire, que nous entendons aborder les rapports Arts-Sciences.

Décidément nous n’avons nul besoin de remettre au goût du jour une quelconque querelle des bouffons si ce n’est pour affirmer de la place qui est la nôtre, celle de musiciens : prima la musica dopo l’algoritmo !

Bienvenue dans cette 39e édition du festival MANCA.

François Paris
Directeur du CIRM et du Festival MANCA

Édito 2018 de MURIEL MARLAND

Prima la Musica

La 39é édition du festival MANCA perpétue l’esprit qui présida à sa création en 1978 par Jean Etienne Marie : offrir à ses concitoyens des représentations d’œuvres de leur temps. Les interprètes qui se sont succédé aux MANCA ont eu à cœur de transmettre les dernières avancées du monde sonore, héritées des aventures innovantes de leurs anciens auxquels ils ont toujours rendu hommage. Avec « Prima la Musica », les MANCA 2018 nous rappellent, avec eux, que la musique diffuse un langage universel à travers le temps et l’espace. Chaque personne s’approprie avec sa sensibilité, son imagination, sa culture, le monde libre des sons, leurs rythmes, leurs harmonies et aussi leurs couleurs.

« Il ne suffit pas d’entendre la musique mais il faut encore la voir » soulignait Igor Stravinski. Aux MANCA nous pourrons traduire en peinture, personnellement, ce que nous entendrons tout en ayant le plaisir de découvrir comment cette union entre les images et les sons s’illustrent chez nos créateurs. C’est ce que le festival propose avec « Un léger retour du ciel » qui associe des créations vidéo à des créations musicales ou avec la vidéo musique « Hydatos » qui lie matières physiques, sonores et visuelles.

«La musique a 7 lettres, l’écriture a 25 notes » disait déjà il y a quelque deux cents ans Joseph Joubert, résumant ainsi le langage sonore des mots et des pensées qui de tout temps s’est exprimé dans les répertoires musicaux. Les MANCA nous proposent ainsi, la mise en musique des poèmes de Mallarmé par Maurice Ravel ou l’opéra de chambre de François Paris qui s’inspire de la nouvelle « L'Etrange Cas du Docteur Jekyll et de M. Hyde » de Robert Louis Stevenson.

Comme toujours les MANCA nous invitent aussi à voyager dans le temps. Les compositeurs de la renaissance, ceux des 19°, 20° et 21° siècles dont nous entendrons les œuvres, ont enrichi le patrimoine universel de la musique. Leurs créations faisaient écho aux instruments de leur époque et le festival a souhaité mettre en lumière l’apport des nouvelles technologies aux variations sonores de ces instruments. Nous entendrons, par exemple, dans un même concert, l’un des plus vieux instruments électroniques (1922) et l’un des plus récents, créé en 2015 ; nous découvrirons aussi les ressources sonores de la viole d’amour quand elle s’associe à l’électronique et les nouvelles lutheries numériques. Les débats et performances organisés avec l’Université Côte d’Azur viendront illustrer ces liens étroits qu’ont toujours entretenus l’art et la science.

Du nord au sud, de l’est à l’ouest, les MANCA nous invitent dans tous les quartiers niçois, à partager des moments d’émotion pure. Selon Nietzsche, « sans la musique, la vie serait une erreur » : écoutons-le et sachons, pour ne pas souffrir d’une telle erreur, goûter sans modération « les parfums, les couleurs et les sons » de ces MANCA 2018 !

Muriel Marland
Présidente du CIRM

 

Édito 2018 du Maire de Nice

 

La musique est une passion niçoise depuis toujours !

N’a-t-on pas retrouvé une flûte et des cymbales sur le site antique de Cimiez ? Plus près de nous, au 19e siècle, nos salons de musique étaient célèbres dans toute l’Europe.

De Berlioz à Massenet, notre ville, avec ses sonorités diverses, avec la musicalité de ses paysages, a inspiré les plus grands compositeurs, comme notre lumière a fasciné les grands peintres.

Chaque époque a connu ses révolutions musicales et Nice y a joué tout son rôle.

Cette aventure se poursuit aujourd’hui. Grâce au Centre National de Création Musicale et au Festival MANCA dont il est l’organisateur depuis 1978, la capitale de la Côte d’Azur est aussi un peu la capitale de la musique contemporaine. Ce Centre dédié tout à la fois à la production, à la diffusion, à la recherche et à la formation, est un des principaux moteurs de la création. C’est ici que s’inventent des sonorités nouvelles, que s’élaborent des combinaisons inédites.

Je veux saluer l’œuvre accomplie hier par Jean-Etienne Marie, aujourd’hui par François Paris, et par l’ensemble des chercheurs et compositeurs qui oeuvrent à faire de ce Festival un moment de découverte absolue.

Dans la ville intelligente et innovante que nous sommes en train de construire, ces artistes illustrent avec un immense talent ce lien toujours fécond entre inspiration, création et nouvelles technologies.

Et c’est pour renforcer encore ce lien que nous avons confié au Niçois Tristan Casara, alias The Avener, la mission de participer au développement des musiques actuelles dans notre ville.

En cette année où nous célébrons les 70 ans d’une musique alors nouvelle qui s’appelait le jazz, le festival MANCA 2018, avec ses musiciens-pionniers, avec ses auditeurs passionnés et exigeants, va sans doute écrire de nouvelles pages de la musique universelle.

Christian Estrosi
Maire de Nice
Président de la Métropole
Président délégué de la Région Sud, Provence-Alpes Côte d’Azur