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Actualité du Jeudi 04 Novembre 2004 à 20h30

CONCERT MANCA 2004 - Neue Vocalsolisten Stuttgart

Jeudi 4 novembre 2004

Eglise Saint-François de Paule (Nice)

 

 


NEUE VOCALSOLISTEN STUTTGART
Suzanne Leitz-Lorey, Soprano
Stéphanie Field, Mezzo-soprano
Daniel Gloger, Contre-ténor
Martin Nagy, Ténor
Guillermo Anzorena, Baryton
Andreas Fischer, Basse


Salvatore Sciarrino L’alibi della parola (1994)
Pour 4 voix
12’

François Paris Drei Handspiele (2004) CREATION FRANCAISE
Pour 6 voix mixtes Co-commande S.W.R/ N.V.S
20’

Entracte

Luciano Berio A-ronne (1974/1975)
Pour 5 voix
30’

Fin du concert : 22h00


La majeure partie de la création vocale contemporaine est réalisée par un nombre très réduit de chanteurs ou d’ensembles spécialisés. Les Neue Vocal Solisten sont sans conteste l’un des plus prestigieux ensemble vocal d’aujourd’hui avec lequel les compositeurs peuvent s’engager en toute confiance. Qu’il s’agisse d’opéras de spectacles multimédias, de manifestations pluridisciplinaires ou de concerts plus traditionnels, la plupart des grands festivals dans le monde les invite régulièrement. C’est pour deux concerts que les MANCA les accueillent : avant de les retrouver avec l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo le 6 novembre, c’est à un concert a capella, sorte de lever de rideau du festival, que nous pourrons assister. Luciano Bério bien sûr : « A-ronne » avant « Sinfonia », Salvatore Sciarrino, aussi : « L’alibi della parola » avant « La morte di Borromini » ; François Paris enfin avec la création française des « Drei Handspiele » créés à Stuttgart en février dernier lors du festival « Eclat ».

En partenariat avec l'ONDA
Concert diffusé sur Radio Classique, partenaire du festival Manca (Nice, 102.7)


NEUE VOCALSOLISTEN STUTTGART
Le Neue Vocalsolisten Stuttgart est un ensemble de chanteurs d’opéra et d’œuvres concertantes, placés sous la direction de Manfred Schreirer depuis 1984. Spécialisé dans l’interprétation de la musique du XXe siècle, cet ensemble s’intéresse particulièrement au développement de formes d’expression et d’articulation vocale.
Au même titre que ces recherches, des travaux interdisciplinaires fondés sur la musique, la vidéo et le théâtre font partie intégrantes du rôle de l’Ensemble, tout comme la juxtaposition de divers éléments provenant des musiques ancienne et contemporaine.
La démarche consiste à élargir des formes d’expressions et d’articulations vocales.

Salvatore SCIARRINO (Palerme, 1947)
Salvatore Sciarrino étudie la musique dès l’âge de douze ans en suivant les enseignements d’Antonio Titone, puis de Turi Belfiore.
En 1962, et pour la première fois, une de ses œuvres est jouée à l’occasion de la Troisième Semaine internationale de musique contemporaine de Palerme. Lauréat de nombreux prix, il reçoit entre autres le prix de le Société internationale de musique contemporaine (1971 et 1974) et le prix Dallapiccola (1974). Plus tard, il dirige le Théâtre communale de Bologne (1978-1980), et enseigne dans les conservatoires de Milan, Pérouse et Florence. Le catalogue complet de ses œuvres, édité par Ricordi en 1999, recense 164 œuvres instrumentales, vocales, solistes, réalisations et transcriptions, auxquelles il faut ajouter les livrets d’opéras et de nombreux écrits, parmi lesquels le livre Le Figure della musica, da Beethoven a oggi (1998).
Sa musique intimiste, raffinée, attachée au timbre et au souffle est construite sur des principes de micro variations des structures sonores. Elle exige une écoute particulièrement attentive en raison de la raréfaction des évènements sonores.
Source : IRCAM

L’alibi della parola (1994)
Pour 4 voix Daniel Gloger, Contre-ténor ;
Martin Nagy, Ténor ; Guillermo Anzorena, Baryton ; Andreas Fischer, Basse
Quatre textes de différentes époques. En voici les diverses sources : la poésie visuelle contemporaine, le chant de la cour de Pétrarque, quelques inscriptions peintes sur des vases grecs.
La nature visuelle des poèmes du brésilien Augusto de Campos est reprise en une articulation musicale ; ceci offre à la langue de nouvelles possibilités au-delà des interactions traditionnelles entre la musique et le texte. Pulsar, à la frontière entre la respiration et le chant, demande un contrôle particulier de la voix. Dans le fleuve continu des sons, les couplets coulent comme des segments homogènes ; à la fin cependant, la suite des couplets changent alors que certaines parties du texte viennent se répéter et se superposer. Les étoiles qui remplacent la voyelle « e » et les cercles à la place de la voyelle « o » se différencient dans le son par une articulation correspondante. Les nuances dynamiques correspondent à l’importance de ces signes.
Pendant tout le morceau, on demande aux chanteurs de séparer mécaniquement les phonèmes : scandés par les chanteurs, c’est seulement l’auditeur qui les assemble alors en continuum de mots et de sens. Le poème apparaît comme une image fermée constituée de six unités de six vers. Dans la musique, cette compacité visuelle du poème est exprimée par la lecture simultanée de plusieurs extraits du texte (à chaque fois quatre des six vers) qui engendre un spectre sonore très complexe. Le texte reste compréhensible tant que la série de ces lectures synchronisées est graduelle, ordonnée et continue : on a juste besoin de se rattacher à ce qui ressort de temps en temps. Certaines séries organisées selon d’autres critères produisent par contre des textes parallèles difficiles à identifier. Le tout est porté par des répétitions continues du texte, qui sont placées et repoussées les unes sur les autres avec leur métrique différente pour finalement former un entrelacement d’aucune densité homogène. Pour indiquer le caractère cyclique du processus, Quasar s’achève par un do capo partiel.
Source : GRAME
« Je n’ai pas pu savoir quelle relation a lié H.G Wells à Pétrarque. Justement parce que les siècles semblent les séparer, je voudrais faire remarquer un fait particulièrement intéressant. Dans le roman La machine à explorer le temps de Wells, le protagoniste est capable de voyager dans le temps. Lorsqu’il place le curseur de la machine sur une position avancée dans le temps, il se retrouve dans un environnement inquiétant, désert et sans âme qui vive : c’est la terre vue d’une perspective s’étendant au-delà de l’espèce humaine. Pétrarque dessine une image similaire dans son livre Triomphe de l’éternité. Ce qui est remarquable ici, c’est qu’un croyant est capable de voir un avenir asséché même du sens de la vie. La musique tente alors de s’approprier l’apparition du vide, un écho en perpétuel devenir. Est-ce une voix qui a survécu et qui vient nous parler de la désolante éternité, ou bien est-ce l’écho de l’humanité elle-même disparue ? Les Grecs en peignant sur les vases nous ont livré une image très précise du monde, même dans les détails, dans leurs vies privées, dans leurs existences particulières. C’est comme si les Grecs et leurs vies se reflétaient à la surface des vases. Potiers, peintres, personnes représentées, donateurs et bénéficiaires, tous parlent et chantent une imposante langue figurative. J’ai réuni certaines de ces inscriptions, de fines lignes, suspendues à des lèvres ouvertes pour toujours ».
Salvatore Sciarrino

François PARIS (Valenciennes, 1961)
François Paris étudie parallèlement la direction d’orchestre et la composition. Cet élève d’Ivo Malec, de Betsy Jolas et de Gérard Grisey ne tarde pas à être remarqué à sa sortie du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris : Luciano Berio le distingue en 1993 comme lauréat du concours International de Besançon. Cette même année, il reçoit une commande du comité de lecture de l’IRCAM et est nommé pensionnaire à l’Académie de France à Rome (Villa Médicis) où il réside de 1993 à 1995. De retour d’Italie, il obtient son CA de Professeur chargé de direction et il est en 1999 lauréat du concours Villa Médicis hors les murs de l’AFAA (séjourne à ce titre dans les Asturies en Espagne) avant de recevoir le prix Claude Arrieu de la SACEM en 2001.
Pédagogue (il enseigne régulièrement dans diverses institutions en France comme à l’étranger), et après avoir été pendant trois ans directeur de la musique pour la ville de Sarcelles il est aujourd’hui le directeur du CIRM (Centre National de Création Musicale) et du Festival MANCA à Nice.
Ses œuvres ont fait l’objet de commandes de diverses institutions et sont éditées principalement par les éditions Ricordi. Elles sont diffusées régulièrement tant en France qu’à l’étranger.

Drei Handspiele (2004) CREATION FRANCAISE Co-commande S.W.R / N.V.S.
Pour 6 voix mixtes Suzanne Leitz, Soprano ; Stéphanie Field, Mezzo-soprano ; Daniel Gloger, Contre-ténor ; Martin Nagy, Ténor ; Guillermo Anzorena, Baryton ;
Andreas Fischer, Basse.
Une chanson populaire existe par les échos qu’elle suscite ou par la fonction qu’elle exerce au regard de son auditoire. Ainsi, la puissance évocatrice de la chanson de Louis Armstrong What a wonderful world a pu marquer les esprits par l’optimisme de son propos dans un contexte historique précis. Une berceuse a pour fonction d’énoncer un propos naïf et poétique afin d’apaiser, puis d’endormir un enfant.
Un jeu de hasard comme celui qui propose un certain nombre de combinaisons d’éléments entrant en conflit deux à deux symbolisé par des signes faits avec les mains des joueurs (la feuille, la pierre, le puits, les ciseaux) a pour fonction de divertir ceux qui le pratiquent.
J’ai choisi de faire porter mon propos de départ sur ces trois sujets afin d’en proposer un certain nombre de représentations musicales destinées à interroger le propos initial, ainsi : Comment interpréter aujourd’hui cette incantation qui consiste à affirmer que le monde est merveilleux sans pressentir une forme de manipulation qui pourrait être résumé par ce bel oxymore de James Joyce dans Ulysse : « En avant derrière la musique »…
L’apaisement procuré par une berceuse n’est-il du qu’à l’effet d’un chant d’une grande douceur destiné à faire oublier l’aujourd’hui sans espérer du lendemain ? l’apaisement qui prépare le sommeil peut-il faire l’économie d’une entrée progressive dans le domaine du rêve, ces derniers dussent-ils être figurés autrement que par une musique d’une grande douceur chargée de propos anodins ? Tout jeu, aussi naïf soit-il peut faire l’objet d’une lecture symbolique et poétique : Si je dis, suivant les règles proposées que la feuille enveloppe la pierre et que les ciseaux coupent la feuille avant de tomber dans le puit n’ai-je pas déjà commencé à mettre en place une forme de dramaturgie ? Par ailleurs, des phénomènes de distanciation subjective peuvent être mis en place au regard d’une situation initiale qui ne les suggère pas forcément.
Enfin, pour symboliser ces phénomènes de distanciation communs aux trois pièces, les chanteurs sont amenés à frapper dans leurs mains ou à utiliser de petits instruments de percussion. Mais que l’on me comprenne bien, ces Handspiele ont dans mon esprit une fonction structurelle et dramaturgique déterminante quant au développement du discours musical sur la globalité des trois pièces.
François Paris

Luciano BERIO (Oneglia – Italie, 1925 – Rome, 2003)
Luciano Berio étudie la musique au Conservatoire Verdi de Milan où il suit les cours de Paribene et Ghedini pour la composition et ceux de Votto et Giulini pour la direction d’orchestre. En 1955, il fonde avec son ami Bruno Maderna le studio de phonologie de la R.A.I (Radio-télévision italienne) à Milan. A partir de 1960 il donne des cours à Darmstadt, à Dardington, au Mill’s College (Californie), à Harvard, à l’université Columbia. Il s’intéresse au rock et au folk, leur consacrant des essais et les mêlant dans le creuset de sa musique, laquelle est une musique libre, sans frontières. Berio a sondé, d’abord dans la clarté de l’intuition, puis prudemment, lucidement, des domaines originaux et longtemps oubliés de notre culture occidentale, en particulier celui de la voix.
Il libère une expression verbale souvent affective, spontanée, immédiatement descriptive : murmures, cris, souffles, pleurs, bruissements, onomatopées attachées à la vie corporelle.
Circles (1960) ou encore la série des séquences, pour instruments solistes, inventent dans un jeu de manipulations et de métamorphoses, des formes nouvelles, et il en va de même pour la série parallèle des Chemins. Voix ou instruments sont poussés à l’extrême limite de leur virtuosité, arrachés à leur tradition, élargis. Epifanie (1961), suit la même évolution : textes de poètes, écartelés, au bord du tragique. Harmoniste raffiné dans Folk Songs, Berio se montre en maître de la technique de la variation dans la série des Chemins, où des commentaires variés à l’infini laissent apparaître des « collages ». Passaggio (1962), Laborintus II (1965), Recital I (1972) sont des approches très personnelles du théâtre musical. En effet, il semble être imprégné de tout ce qui vit, pour le laisser réapparaître tôt ou tard. Coro (1976) est sans doute l’un des sommets de son œuvre, une anthologie de l’homme, de son aventure et de son paysage intérieur.
A la fin des années 70, Berio intègre la première équipe de l’IRCAM. Jusqu’en 1980, il assume le poste de responsable de la musique électroacoustique avant de créer un nouveau studio à Florence, Tempo reale, dont il est le directeur.
Il ne cesse de dialoguer avec l’histoire musicale, en faisant des orchestrations de pièces de Mahler ou Brahms, reconstruit la 10ème Symphonie de Schubert (Rendering) ou l’Orfeo de Monteverdi (Orfeo II), et fait des allusions stylistiques et des citations directes dans ses propres œuvres, technique déjà manifeste dans la Sinfonia de 1968.
Source : IRCAM

A-ronne (1974 - 1975)
Pour 5 voix
Stéphanie Field, Mezzo-soprano ; Daniel Gloger, Contre-ténor ; Martin Nagy, Ténor ; Guillermo Anzorena, Baryton ; Andrea Fischer, Basse.
Ludique et iconoclaste, A-ronne, pièce radiophonique initialement composée pour cinq voix d’acteurs traverse l’univers vocal dans son entier. Cet univers que Luciano Berio a sans cesse parcouru en instigateur curieux et connaisseur procède en dissection, analyse, décomposition et recomposition des voix de « A » jusqu’à « Ronne » (« Ronne » étant la dernière lettre de l’ancien alphabet italien, après « Z », « Ette » et « Conne »). Les situations ainsi répertoriées autour du poème d’Edoardo Sanguineti déclinent une extraordinaire palette de jeux et d’expressions. Luciano Berio rappelle à ce sujet qu’A-Ronne s’apparente à un « madrigale rappresentativo » c’est-à-dire un « théâtre pour les oreilles » de la fin du XVIème siècle italien et une peinture vocale naïve. L’éventail des situations proposées, si ample soit-il, peut en effet être toujours ramené à une situation élémentaire, à des sentiments et à des états d’âme reconnaissables, familiers et souvent manifestes. Le sujet de ce documentaire s’articule donc autour d’un poème d’Edoardo Sanguineti et incorpore alternativement des extraits du manifeste communiste, des écritures de Roland Barthes etc… Les acteurs récitent le poème environ vingt fois, mais les mots sont seulement des échafaudages sur lesquels Berio accroche des inflexions liées à des scenari dramatiques stéréotypés : une scène d’hôpital, une scène d’amour, un programme de télévision et ainsi de suite.

(programme du concert imprimé en novembre 2004)

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